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La leçon de
théologie
Michel Louis Lévy
Si l'on parle du "peuple juif", on
emploie la notion de "peuple" en un sens qui ne vaut que dans ce seul cas.
(Raymond Aron, Mémoires, p. 503)
Mes chers enfants, comme les
nouveaux programmes d'instruction civique nous l'ont prescrit, nous abordons aujourd'hui
la théologie laïque, c'est à dire l'étude de la notion de Dieu. Comme vous allez le
voir, cette notion a des rapports étroits avec la science du langage, et je devrais dire,
plutôt que l'étude de la notion de Dieu, l'étude du mot " Dieu
".
C'est une question difficile, sur laquelle travaillent depuis longtemps
les plus grands esprits. Mais pour vous en donner une première définition, qui pourra
nous suffire au début, disons que Dieu est la "personne morale",
représentative de la totalité du genre humain, de la totalité des Hommes, y compris
soi-même. J'insiste sur "y compris soi-même " : de même qu'un
Français est plus qualifié qu'un Anglais pour dire ce que pense la France, et
réciproquement pour l'Angleterre, de même qu'un salarié d'IBM est plus qualifié qu'un
salarié de la Société générale pour dire ce que pense IBM, et réciproquement pour la
Société générale, de même un humain, y compris vous-même mes chers enfants, est plus
qualifié qu'un animal pour dire ce que pense Dieu. "Plus qualifié "
n'est évidemment qu'un jugement relatif, et non pas absolu, ce qui explique que les
Hommes se disputent aussi souvent pour décider ce que pense Dieu que les Français pour
décider ce que pense la France.
Le parti monothéiste
Pour nous limiter aux temps où portent nos regards, cette notion
remonte à lÉgypte pharaonique, et plus précisément à l'époque d'un Pharaon
dont l'appellation grecque est Amenophis IV, qui, selon les égyptologues, appartenait à
la XVIII° dynastie, et régna de 1375 à 1358 avant l'ère commune. Il était le mari de
la belle Nefertiti, dont je vous montre ici une représentation. Ce Pharaon devait être
exaspéré des disputes entre les prêtres des différents cultes et, comme tout
souverain, préoccupé d'unité nationale. De là découlerait son idée que le culte d'un
seul dieu, appelé Aton, mot qui dans la langue de son temps voulait dire
"Seigneur", ferait l'union, non seulement de tous ses prêtres, mais aussi de
tous les peuples asservis à son Empire. Pour proclamer sa propre allégeance à ce Dieu,
il se fit appeler Akhen-Aton, ce qui veut dire, paraît-il, "le Seigneur est
satisfait". Changer son nom, comme tout souverain accédant au trône, était sans
doute acceptable. Mais ordonner l'abandon du culte des autres dieux allait se révéler
suicidaire : c'était attaquer de front les intérêts des prêtres, dans une société
où ils étaient seuls détenteurs de la science, et surtout seuls à savoir lire, après
de longues études, les complexes hiéro-glyphes, les gravures sacrées. Son échec était
dès lors fatal et les cultes anciens furent rétablis par un successeur, issu je crois
d'un Coup dÉtat.
Son idée était simplement en avance sur son temps. Elle est en passe,
après plus de trois millénaires de détours, de faire l'unité, non de lÉgypte,
mais de l'ensemble du monde : l'unicité de Dieu était bel et bien équivalente à
l'unicité du Genre humain tout entier, et portait en elle l'échec de toute tentative de
partition, entre races, entre religions, entre nations, entre classes sociales, entre
sexes.
Akhen-Aton avait sûrement des partisans, qu'on peut qualifier de monothéistes.,
partisans du Dieu Unique. Comme dans tout parti battu, ceux-ci étudièrent les causes de
leur échec, et comprirent l'importance qu'y avait joué l'accaparement par le clergé du
système d'écriture. Or à la même époque, dans la région de Phénicie qu'on appelle
aujourd'hui Liban, là où se trouve la ville de Byblos, venait d'être inventée
l'écriture alphabétique que nous utilisons en Occident, et qui est beaucoup plus facile
à enseigner au peuple que les hiéroglyphes. Certains monothéistes eurent donc l'idée,
pour briser le monopole clérical des hiéroglyphes, de leur substituer cette écriture,
et pour commencer, d'écrire et de diffuser un exposé de la doctrine monothéiste écrit
avec les vingt-deux lettres phéniciennes. Ce traité nous a été conservé sous le nom
de "Torah", et la langue qu'il utilise est lhébreu biblique.
Un Auteur nommé Moïse
Le rédacteur de cette Torah est lui-même connu sous le nom de Moïse.
Évidemment nous ne savons pas si un vrai Moïse rédigea seul les cinq livres qui lui
sont attribués, et nous ne savons pas non plus bien distinguer ce qui est l'apport
original de ce Moïse, ni ce qu'il doit à des doctrines et légendes antérieures dont il
avait connaissance. C'est d'ailleurs la même chose pour d'autres auteurs, comme Homère,
Shakespeare, ou La Fontaine, dont personne ne discute ni l'existence, ni le génie, ni
lunité de l'uvre.
Moïse voulait, entre autres questions, faire comprendre que la notion
de Vérité est indépendante du langage dans lequel elle s'exprime. Si je dis : "Un
et un font deux", "deux et deux font quatre", j'énonce des vérités
certes universelles, et définitives, mais incompréhensibles pour qui ne parle pas
français. Si j'écris 1+1=2, 2+2=4, j'énonce les même vérités, comprises en toutes
langues, mais seulement par les gens qui utilisent les chiffres qu'on appelle arabes et
les notations mathématiques usuelles. Pour faire passer ces vérités définitives,
propres à l'espèce humaine, et non susceptibles de "progrès", Moïse
entreprit d'utiliser le système alphabétique pour énoncer par écrit des vérités
absolues, qu'il confia à ses partisans. Nous allons voir comment ceux-ci réussirent à
conserver par delà les âges, non sans tensions et difficultés, la langue écrite, et la
langue parlée, de son uvre. Ces "conservateurs", au sens strict du terme,
constituent, depuis environ trente-trois siècles, ce qu'il est convenu d'appeler "
le peuple juif ". Certains d'entre vous y appartiennent peut-être, plus ou moins, et
d'autres, plus nombreux, apprennent son histoire ancienne au catéchisme.
Ce qui semble avoir mis Moïse sur la piste de la notion de Vérité,
c'est la confrontation de la culture mésopotamienne et de celle de lÉgypte, qui
utilisaient en particulier des calendriers, et des systèmes de numération, différents
pour parler des mêmes concepts. Cette confrontation, et le souci que le Texte soit
indéfiniment fixé, à la lettre près, le conduisit à une décision géniale :
normaliser l'ordre alphabétique, que nous avons en effet grosso modo conservé.
Les lettres étaient ainsi associées à des chiffres et à des rangs, croissants de Un en
Un. De la sorte, Moïse verrouillait le Texte, en permettant d'innombrables " preuves
par neuf " de la conformité de toute copie à l'original. Comme quand je vous fais
réciter les fables de La Fontaine, il pouvait exiger un respect "religieux" du
Texte. Ainsi les peuples utilisant l'alphabet phénicien accédèrent à la notion de
"sacré". Qui, de nos jours, oserait modifier l'ordre alphabétique ?
Moïse donna aussi un sens à des onomatopées, qui étaient peut-être
déjà utilisées dans les langues de son temps. Observant ainsi qu'une des premières
syllabes articulées par les bébés était "baba", que nous prononçons
"papa", il l'attribua au Père et posa que Père s'écrivait, je prends une
craie, AB. Et il décida que A et B étaient les deux premières lettres. Ces deux
lettres s'appellent en hébreu Aleph, Beit, et en grec Alpha, Bêta, d'où vient le mot
"Alphabet". Là où nous voyons seulement le mot AB, et le sens
"Père", les premiers lecteurs de Moïse voyaient donc, en plus, l'assemblage 1
2. De la notion de Un et Deux à celle de Trois, il n'y a qu'un pas. Et à celle de Douze,
il n'y en a qu'un autre, qui suppose cependant l'usage du système décimal.
Des chiffres et des lettres
Tout porte à penser que Moïse connaissait divers systèmes de
numération, qui lui servaient sans doute à distinguer les vérités relatives, par
exemple "10 signifie Dix", des vérités absolues, par exemple "Six et Un
font Sept qui est un nombre premier". Mais il privilégiait sûrement la "base
dix", qui est restée la nôtre. Le premier chiffre supérieur à dix que contient la
Bible est le chiffre "septante-sept", que jamais personne n'a jamais proposé de
traduire autrement que par "soixante-dix-sept". C'est en Genèse 4,
24, je dis cela pour ceux qui auraient envie de vérifier dans leur Bible familiale. Et
Moïse fit jouer un rôle considérable au chiffre "dix", celui des Justes de
Sodome, des plaies dÉgypte et des Commandements.
Ayant écrit le Père AB, et ayant observé qu'une autre syllabe
originelle, "Mama", évoquait la succion du sein maternel et devait donc être
réservé à la Mère, il posa que Mère s'écrivait AM. Pour "dieu", nom
commun, il se conforma à l'usage de son temps et choisit AL, qui se prononce
"El", et d'où viennent aussi bien nos pronoms personnels "Il" et
"Elle", que le Nom de "Allah", Clément et Miséricordieux. Quant à
la combinaison AB-AL, Père-dieu, elle a donné bizarrement Ap-Ollon.
Mais Moïse décida aussi, pour des raisons qui nous échappent, mais
qui devaient lui paraître évidentes - on appelle cela la "Révélation" - de
former, en plus du nom commun AL, dieu, un Nom du Dieu Unique qui soit de la forme ABCB,
je veux dire de quatre lettres, dont seulement trois différentes entre elles. Ce fut le
"Tétragramme", YHWH, béni soit le Nom.
Ce Nom est formé de deux
moitiés, qui sont aujourd'hui les marques d'affirmation, en allemand, "Ja !",
et en français, "Oui !", comme si deux fiancés parlaient ces deux langues le
jour de leur mariage. Le H exprime le souffle, l'Esprit "qui souffle où il
veut", et comme il est présent deux fois, symbolise aussi le doute, le choix, et le
sexe. Y, le Yod hébreu, auquel Moïse donna la forme d'un point, d'une apostrophe, c'est
l'origine des temps, par rapport à laquelle l'Homme n'est qu'un projet. Quant au W, le
Vav hébreu, auquel Moïse donna la forme d'un I, c'est l'instant, ou la durée, qui
séparent le passé et le futur.
Vous pouvez juger cela compliqué. Je vous avais prévenu, la notion de
Dieu est difficile. D'ailleurs, de ces symboles, Moïse déduisit une conséquence
prodigieuse, l'impossibilité de prononcer le Nom divin. Ce n'est pas une superstition :
si les Hommes se mettaient à prononcer le Nom de Dieu, ils adoreraient autant de dieux
qu'il y aurait de prononciations. Pour comprendre cette impossibilité, il suffit de
remplacer le H hébreu par le signe contemporain du doute, le point d'interrogation, ?
J'écris au tableau noir ' ? I ? Essayez de prononcer. En revanche, si vous
regardez ce symbole, vous voyez tous la même idée.
AM, avons-nous déjà vu, c'est la Mère. Moïse adapta une symbolique
très claire, regardez, je peux vous parler de ces choses. Mettez un M au centre, un S en
dessous, un A en haut à gauche, un D en haut à droite.
A D
M
S
Un rapport sexuel, SM, conduit soit à la maternité, AM, soit aux
règles féminines, DM. SM, Chem en hébreu, dont vient je pense "semence ", fut
le Nom, transmis par le Père. Et DM, Dam en hébreu, fut le Sang. Du coup ADM, Adam,
devenait le Nom de l'Espèce, le Un plus le Sang. et celui du Premier Homme. Quant à
Chem, SM, c'est le Premier Nom transmis par un Juste, NE, que nous appelons Noé, à son
fils Sem, d'où viennent Sémite et AntiSémite, je vous expliquerai une autre fois.
L'idée de totalité fut rendue par le suffixe YM, qui devint ensuite
la marque du pluriel masculin en hébreu. ALHYM, Totalité des dieux, pluriel de
AL, peut donc se traduire par Ils. Cest le Nom donné à Dieu dans le premier
chapitre de la Genèse, dont le premier verset peut se traduire, en première
approximation, par « Au Commencement, Ils ont créé les Cieux et la Terre ».
Pour la Création de l'Homme apparaît le Nom double, YHWH-ALHYM (Genèse
2, 4 ). Ensuite les deux Noms sont utilisés alternativement, mais non pas
indifféremment. C'est faire injure au fondateur du monothéisme que de parler d'un
"document yahviste" et d'un "document élohiste", comme si Edmond
Dantès et le Comte de Monte-Cristo avaient été imaginés par deux auteurs différents.
De même, s'il y a deux récits de la Création, c'est que la conception d'un enfant peut
être décrite du point de vue des parents ou de celui de l'enfant conçu, bien que ce
soit la même conception.
ALHYM se prononça tout naturellement Elohim, sans problème. Mais
YHWH, en vertu de l'interdit signalé, fut prononcé le plus souvent Adon-Aï, Mon
Seigneur, proche du dieu égyptien Aton et du dieu grec Adonis. Dans toutes les synagogues
du monde - ceux qui parmi vous, mes enfants, sont juifs, peuvent en témoigner - YHWH se
prononce Adonaï.
D'Adam à Abraham
Pour écrire le verbe "parler", Moïse, encore une fois,
écouta les enfants. Le premier cri du nouveau-né, décida-t-il, peut se rendre par BR,
comme quand nous disons qu'un gosse "braille". C'est pourquoi les deux
premières lettres de la Torah furent BR. Mais le cri du nouveau-né ne veut rien
dire d'autre que sa vie. Pour "dire", il faut le jeu de la langue et des dents,
jeu représenté par la lettre D, dites Dé, Dé. DBR, daber, c'est la Parole, nous
devrions plutôt dire BaRole. De même, en français, nous disons d'un enfant qui commence
à s'exprimer qu'il est "dé-brouillé".
A D M était le nom de l'Homme. Quand vous remplacez le D
central par les deux autres lettres de DBR, la Parole, vous obtenez A BR M,
Abram, nom que Moïse donne au premier Monothéiste, à ceci près que lorsqu'intervient
la conception miraculeuse de son fils Isaac, prototype de celle de Jésus, il reçoit, au
quatrième rang, un H sexuel, et devient ABRHM, Ab-Raham, tandis que sa femme,
jusque là SRY, Saraï, Ma Princesse, échange le Y pour le H, et devient SRH, Sarah,
Princesse (Genèse, chapitre 17). Comment mieux faire comprendre le rôle de Dieu dans
toute conception ? Par le jeu des chromosomes X et Y ?
Son propre nom, Moïse le forma forcément lui-même. En son temps, les
Pharaons insistaient sur leur filiation divine, en se faisant appeler Ra-Msès, ce qui
veut dire "Créé par Râ", ou "Thout-Mses", Créé par Thout. Moïse,
pour imposer l'idée d'un Dieu "Incréé", au Nom imprononçable, se fit appeler
Mses, Créé, tout court. Il a gardé ce nom en allemand. Mais en hébreu, il écrivit son
nom MSH, le Nom inversé, et le doute.
Ceux d'entre vous qui ont lu la Bible savent que pendant la Création
du Monde revient six fois le refrain "Et ce fut soir, et ce fut matin".
"Soir" s'écrit Ereb, racine RB du mot "sémite" désignant le
couchant, l'ouest, qu'on retrouve dans "Maghreb", dans l'"Erèbe"
mythologique, dans "Europe", et, mais oui, dans "Arabe".
Moïse s'est douté qu'il y aurait des disputes pour savoir qui a
précédé l'autre, BR ou RB, Hébreux ou Arabes. C'est l'histoire de la poule et
l'uf . Comme la Torah commence par BR, cela donnait un avantage aux Hébreux. Il
compensa en mettant, dans le récit de la Création, le Soir avant le Matin, BQR, Boqer.
Et surtout, en Genèse 23, 2, il donna, détail rarissime, deux noms pour un
seul lieu, celui de la première tombe, où Abraham ensevelit Sarah : Qyriat Arba, avec
RB, et Hébron, avec BR. Peut-être aussi pour bien faire comprendre que Allah et Y H W H
... bénissez le Nom, mes chers enfants.
Malheureusement cela n'a pas empêché les disputes et, plus de trente
siècles plus tard, on n'en est pas sorti... à ceci près que bizarrement on parle
aujourd'hui arabe à Hébron et hébreu à Qyriat-Arba. Si vous voulez briller auprès de
vos amis, demandez leur si Hebron-Qyriat-Arba est, regardez, en territoire déRoBé,
ou en territoire liBéRé ! La réponse est " les deux, depuis quarante
siècles ! " Et si on vous demande, ce qui fut "au commencement", BRASYT,
Beréchit, premier mot de la Torah, ou bien le VeRBe, comme dit Jean, au
commencement du Quatrième Évangile, vous répondez aussi " les deux, depuis
quarante siècles ! ". La preuve , c'est que le verbe "réverbère", et que
aRBa, en hébreu, c'est Quatre : quand le Soleil, la Lune ou la Terre parcourent
les quatre points cardinaux de leur "Orbe", de leur "Orbite", ils se
retrouvent à leur point de départ, mais le Temps a augmenté de Un, Jour, Mois ou
Année. C'est cette Révolution, je vous expliquerai plus tard, que le Pape bénit à
Rome, plusieurs fois par an, Urbi et Orbi.
N'en déplaise à ceux qui vous disent le contraire, mes enfants,
Europe et Arabes, Eu-RoPéens et Magh-RéBins, c'est le même Couchant, ou
Occident, ou Ouest, RB ; de même, symétriquement, HébReux et BeuRs, c'est le même
Levant, ou Orient, ou Est, BR... Ceux d'entre vous qui sont BeuRs se sentent
peut-être comme les HéBReux, étrangers en Égypte, où pourtant chacun pouvait
se tourner chaque aurore vers le même Soleil, en s'émerveillant : "Est ! Est! Il
est ! Il est! "
Le destin du D
Jouant sur la symbolique du Quatre, quatre dimensions, quatre points
cardinaux, Moïse a aussi créé le nom de Juda en incorporant la lettre D, quatrième
lettre, au quatrième rang du Nom divin. Juda, en hébreu, s'écrit YHWDH. Juda est
vraiment au centre d'une croix, je reprends ma craie, regardez. Verticalement, c'est la
quatrième génération : Abraham, Isaac, Jacob, Juda. Horizontalement, c'est le
quatrième fils de Jacob : Ruben, Siméon, Lévi (personne ne rit !), Juda. De plus,
Moïse explique l'étymologie du nom de Juda, en le rattachant ( Genèse, 29, 35 ) à
l'idée de célébrer Dieu, de Lui rendre grâce. Du coup s'appeler Yehudah devient un
idéal: c'est porter le " Nom de Dieu fait Parole ", c'est par son nom même
rendre grâce au Créateur d'accorder la Vie. Juda devint ensuite le nom d'une tribu, d'un
Royaume, d'une province, la Judée, et d'un peuple, les Judéens. Mais il est
vraisemblable que l'interdit de prononcer le Nom de YHWH s'étendit à celui d'appeler un
enfant YHWDH, Yehoudah, Juda. Quand, une dizaine de siècles plus tard, le fondateur de la
dynastie des Hasmonéens, Juda Macchabée (personne ne rit !) enfreignit cet interdit, il
se rendait donc coupable d'un sacrilège intolérable pour les orthodoxes de son temps,
qu'on appelait Pharisiens, Persans, parce qu'ils étaient revenus de l'exil de Babylone
avec un calendrier perse. C'est pourquoi Judas, l'Iscariote, fut le nom donné au Traître
des Évangiles, qui de ce point de vue sont de tendance pharisienne.
D'autres enfreignirent l'interdit, ce qui fit que YHWH eut d'autres
prononciations : Jéhovah, formé avec les voyelles de Adonaï; Yahvé, qui désigne le
Dieu des Juifs chez les non-juifs; le génitif latin Jovis, d'où vient Jeudi, dont le
"nominatif" est Jovis-Pater, Dieu le Père, Jupiter (l'inverse dAp-Ollon).
Avec le verbe HLL qui veut dire "louer", "chanter les louanges", cela
a donné, sous la responsabilité du Roi-Poëte, David, HLL-HWH Allel-uia ! Quant à
Yehouda, dans l'ordre YHW-D, YHW parle, il devint Jud, Jew, Juif et autres Youpins. Et
dans l'ordre D-YHW, "dire YHWH" il donna Zeus, Theos, Deus et Dieu. Vous voyez
que le mot Dieu a une histoire compliquée ! Pas seulement compliquée, mais aussi
tragique, puisque Hitler et les nazis ont envoyé au bûcher six millions d'êtres
humains, qu'ils ont désignés eux-mêmes comme "Jud". La plupart des victimes
ignoraient le lien entre cette appellation et le Nom de Dieu, béni soit-Il. Et d'ailleurs
les nazis n'ont pas indiqué quelle proportion d'erreurs ils commettaient.
Tout ceci pour dire qu'il
n'y a pas de différence étymologique entre "juda-ïsme" et
"human-isme", comme le montre Elie Wiesel: " La mission des Juifs n'est pas
de judaïser le monde, elle est de l'humaniser ", ou le Tribunal de Nuremberg, qui
n'a pas défini un crime contre la Juda-ïté, mais contre l'Human-ité. Si on vous dit
que Moïse est en somme la cause première de toutes les persécutions religieuses,
répondez que tous les persécuteurs accusent toujours le persécuté d'être la cause de
la persécution, comme il est écrit : " Si ce n'est toi, c'est donc ton Frère
" ( Fables, Livre premier, chapitre 10, verset 22 ).
Mes chers enfants, j'ai été un peu vite. La prochaine fois, je vous
expliquerai plus en détail la théologie de Moïse, qui est aussi une théo-graphie, cela
fait trente-trois siècles depuis la Pentecôte. Et je vous raconterai comment elle s'est
maintenant étendue au monde entier, scindée en de multiples rameaux, dont il avait
expliqué la Genèse, semblable à celle de tout Être. Nous verrons à quels rameaux vous
appartenez, vous et moi.
Est-ce que quelqu'un a une question à poser ? |
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